Il est de plus en plus difficile de bénéficier des soins d'un ophtalmologue dans les Hauts-de-France, en raison de la pénurie de ces derniers. Petit point sur la situation actuelle.
Ophtalmologie : où en est la région des Hauts-de-France ?
Les problèmes liés aux yeux et à la vision ne cessent de croître en France, d’une façon telle qu’elle en devient inquiétante. Plusieurs facteurs sont à souligner à l’origine de cette hausse des troubles de la vision, le plus influent étant certainement l’exposition accrue aux écrans en tout genre. L’accès aux soins devient alors de plus en plus difficile compte tenu du nombre de patients, disproportionné par rapport aux ophtalmologistes disponibles.
Dans le cadre de l’article d’aujourd’hui, nous nous pencherons particulièrement sur le cas de l'ophtalmologie à Lille et dans la région des Hauts-de-France.
Y a-t-il assez d’ophtalmologues au sein de cette dernière ? L’accès au soin est-il mis en difficulté ? Voyons tout ceci plus en détail.
Une densité d'ophtalmologistes très faible au niveau national
Une des choses les plus alarmantes sur le sujet est d’abord le faible nombre d’ophtalmologistes au regard de la population française. Au niveau national, on enregistre une densité moyenne d’environ 8,4 ophtalmologistes pour 100 000 habitants ! Ce chiffre baisse à 7,4 en ce qui concerne les ophtalmologistes libéraux. Inutile de dire que c’est très peu, surtout lorsque l’on connaît les chiffres sur les troubles de la vision en France.
Dans la majorité des communes de France, la densité des ophtalmologistes libéraux est inférieure à 5 pour 100 000 habitants. Dans les Hauts-de-France, une grande partie des communes se trouve dans le même cas. A Lille, la densité est légèrement supérieure à la moyenne nationale, à hauteur de 8,4. Ceci reste cependant toujours très peu.
Notez que des centres médicaux permettent de prendre un rendez-vous ophtalmologique en ligne dans un délai assez court.
Les ophtalmo refusent de nouveaux patients
En raison du débordement dont ils sont victimes, les ophtalmologistes sont de plus en plus nombreux à tout simplement refuser des consultations de patients nouveaux. Ayant déjà du mal à s’en sortir avec leurs patients actuels, il n’ont pas la possibilité d’en admettre de nouveaux.
Une enquête nationale consistant à contacter plus de 5 000 cabinets d’ophtalmologistes a révélé les pourcentages de médecins par région qui acceptaient de prendre de nouveaux patients. Dans certaines régions comme le sud-est, le sud-ouest où une partie de l’Île-de-France, entre 80 et 100% des ophtalmologistes acceptaient de prendre en charge de nouveaux patients.
Mais dans d’autres régions, la situation est loin d’être la même. On en arrive même à des départements où moins de 20 % des ophtalmologistes acceptaient les demandes ! A Lille et dans les Hauts-de-France en général, le chiffre moyen est de 60 à 80% des ophtalmologistes qui acceptent la prise de rendez-vous avec des patients nouveaux.
Sur un site comme https://www.keldoc.com/, qui permet de prendre rdv avec un professionnel de la santé (médecin généraliste, urologue, dermatologue, ergothérapeute, etc...), aucun ophtalmo enregistré à Lille ne propose la prise de rendez-vous en ligne.
Des délais d’attente surréalistes
Si cette statistique (60-80% acceptant les nouveaux patients) au sujet des Hauts-de-France peut paraître satisfaisante au regard de la gravité de la situation, elle n’est cependant pas complète. En effet, si la majorité des cabinets d’ophtalmologistes acceptent les rendez-vous de nouveaux patients, les délais d’attente imposés sont énormes.
On enregistre un délai moyen dans les Hauts-de-France excédant les 70 jours pour prendre un rendez-vous auprès d’un ophtalmologiste ! Soit plus de deux mois. Et encore, cela n’est qu’une moyenne, certains délais pouvant facilement excéder les 4 mois. La moyenne nationale pour les délais est de 62 jours, soit quasiment la même chose.
Dans certaines communes, notamment où la densité des ophtalmologistes est la plus faible, ces délais vont jusqu’à une moyenne de 250 jours ! Tout simplement inimaginable. Dans la même enquête, le délai le plus long rapporté fut de 563 jours, soit plus d’un an et demi. Ceci témoigne fortement de la situation dans laquelle se trouve le pays.
Pour les personnes habitant dans des zones avec très peu de praticiens, il reste possible de se tourner vers la téléconsultation.
Certains cabinets ne répondent même plus
Le débordement des ophtalmologistes dans leur travail est tel que selon l’enquête menée, plus de 1200 des cabinets contactés ne répondaient même pas à leurs appels, et ce malgré des tentatives de 5 fois au minimum.
Ce sont donc 21%, soit plus d’un cinquième des cabinets à l’échelle nationale qui ne peuvent même plus se permettre de répondre aux appels de leurs patients !
L’ophtalmologie à Lille s’en sort plutôt bien
Alors, qu’en est-il de l’ophtalmologie à Lille et dans les Hauts-de-France de façon plus générale ? Il est indéniable que la région et la ville souffrent du manque d'ophtalmologistes, et connaissent elles aussi des hausses de problèmes et maladies visuelles chaque année. Cela dit, il faut admettre qu’au regard de ce qu’il se passe dans le pays, elles s’en sortent plutôt bien.
Qu’il s'agisse de la densité, des délais d’attente ou de l’acceptation de nouveaux patients par les cabinets, Lille se situe toujours aux alentours de la moyenne nationale. Ce qui aurait pu être mieux, aurait également pu être pire.
Quel avenir pour l’ophtalmologie en France ?
Malgré certaines mesures prises par le gouvernement et les autorités locales, l’horizon ne semble guère flamboyant pour l’ophtalmologie en France. Les communes les plus exposées au manque d'ophtalmologues peuvent espérer des changements dans les années à venir. Pour une raison simple, c’est que les nouveaux cabinets sont envoyés en priorité au sein de ces communes. Le maillage des ophtalmologistes à travers le territoire national peut donc s’améliorer.
Mais pour les régions et les villes qui sont dans la moyenne ou au-delà, peu voire pas de changements ne sont à prévoir.
Lille, de même que les Hauts-de-France, se voit donc promise à une situation de stagnation dans le manque d’ophtalmologistes dont elle est victime.